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Au sommaire :
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Le télésiège de la Floria : un appareil très important sur le domaine skiable
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Un télésiège possédant une gare motrice-tension semi-enterrée
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La gare aval
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La ligne
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La gare amont
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Clôture
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Le télésiège de la Floria : un appareil très important sur le domaine skiable
En 1953, la S.A “du téléski du Grand-Bornand” installa au Chinaillon le premier téléski, celui des Outalays. Après des débuts difficiles, elle se lança dans la construction du téléski du Baby en 1958 puis de celui de la Floria en 1961. Ce dernier partait du niveau de la rivière du Chinaillon, en face du centre du village qui n’était pas encore très grand à l’époque. Après avoir été tiré sur 1756 mètres de long à la vitesse de 4.5 m/s, on arrivait au sommet de la Floria, point culminant du domaine skiable pendant onze ans avec ses 1800 mètres d’altitude.
De cet endroit, le téléski offrait de nombreuses possibilités de pistes et hors-pistes, ce qui lui valut dès sa mise en service une saturation quotidienne à cause de son débit horaire minable de 520 p/h, largement insuffisant pour cette colonne vertébrale notamment au fur et à mesure du développement du domaine. Ainsi, dans les années 1970, le projet de remplacer le téléski de la Floria devint une nécessité pour augmenter le débit de cet axe essentiel. Mais auparavant, il y avait d’autres priorités sur le domaine. Pour permettre d’améliorer l’accès au sommet de la Floria, les télésièges biplaces de la Tolar (1975/1975) et des Languières (1979) furent installés, partant respectivement du Maroly et de la Côte. Mais ils ne parvinrent pas à réduire la fréquentation du téléski de la Floria, bien mieux positionné car il permettait un accès rapide à l’ensemble du domaine skiable depuis le centre du Chinaillon, qui continuait son développement en attirant de plus en plus de monde sur les pistes.
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Ce n’est qu’en 1981 que sera finalement démonté le téléski de la Floria pour être remplacé un télésiège triplace, ayant un départ et une arrivée au même endroit que le téléski mais dont la ligne ne comportait aucun virage. Ce télésiège avait désormais un débit horaire rehaussé à 1350 p/h, ce qui n’était pas négligeable. Toutefois, sa vitesse plus faible que le téléski doubla le temps de montée au sommet de la Floria. On notera qu’à cette occasion, le téléski voisin de la Bournerie (un appareil court construit en 1975 afin de permettre aux skieurs de rallier rapidement la Cour et le Baby depuis le centre du Chinaillon) fut dévié de sa partie supérieure pour ne pas croiser la ligne du nouveau télésiège.
Le téléski de la Floria, qui n’avait que 20 ans lors de son démontage, fut racheté par la commune de Serraval qui le réinstalla au col du Marais sous le nom de téléski de l’Etoile des Neiges.
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A la fin des années 1990, la station commença à réaménager son domaine skiable. Parmi les nouvelles constructions de remontées mécaniques on trouve les télésièges débrayables du Lachat (2001) et du Maroly (2003). Ces appareils concilient vitesse et débit élevé, ce qui semble être l’appareil idéal pour remplacer l’impopulaire télésiège fixe de la Floria, approchant tranquillement de sa visite des 30 ans. De plus, le réaménagement du centre du Chinaillon avec la construction de la résidence MGM étant en train de débuter, l’occasion méritait un renouveau en puissance de l’axe historique de la Floria, délaissé par les skieurs à cause de la lenteur du télésiège. Initialement prévu en 2005, le projet fut repoussé suite à la construction de la retenue colinaire du Maroly.
C’est en 2008 que furent finalement démontés le télésiège de la Floria et le téléski de la Bournerie pour être remplacés par le télésiège débrayable six places de la Floria. Le tracé du nouveau télésiège fut revue et sa gare aval fut placé entre le télésiège du Châtelet et le départ de l’ancien téléski de la Bournerie, afin d’être facilement accessible par toutes les pistes arrivant sur le font de neige. Initialement, le projet comportait une gare intermédiaire uniquement sur le brin montant au niveau de l’arrivée du télésiège du Châtelet, qui aurait dû être démonté à cette occasion. Mais la nouvelle municipalité élue en 2008 décida de réduire ce projet en supprimant cette gare intermédiaire et en conservant le télésiège du Châtelet. Vous trouverez plus de détail sur le chantier dans le dossier traitant de la construction du télésiège débrayable six places de la Floria, directement accessible en cliquant ici.
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Situation du télésiège sur le plan des pistes de 2008 :
Le télésiège de la Floria desservait six pistes de niveaux difficile et très difficile. Tout d’abord, il y avait la pistes des Gentianes qui retournait sur le secteur des Gettiers/Outalays et au départ de l’installation. La piste des Lanches descendait quant à elle vers le secteur de la Côte/Lachat. Ensuite, la piste de la Combe de la Tolar permettait l’accès au départ des installations de la Vallée du Maroly, ce qui était également possible par les pistes non damés des Dames et du Couloir de la Sonnerie. Enfin, la Noire des Pylônes redescendait sur le Chinaillon, à l’arrivée du télésiège du Châtelet.
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Un télésiège possédant une gare motrice-tension semi-enterrée
Le télésiège de la Floria fut donc réalisé durant l’été 1981. Pour remédier le plus possible aux files d’attente de l’ancien téléski, c’est un télésiège triplace Pomagalski de 1350 p/h qui avait été choisi. L’appareil en lui-même était équipé de nombreux éléments très courant à cette époque. Néanmoins, la gare aval était particulière. En effet, le remplacement du téléski de la Floria s’était accompagné de la réalisation d’un nouveau bâtiment, accueillant un restaurant, des caisses et des locaux pour le personnel. Il fut profité de la construction de cet ouvrage débuté en 1980 pour intégrer le nouveau télésiège de la Floria sur le toit du bâtiment des caisses. Mais pour une intégration parfaite, la machinerie avait pris place à l’étage inférieur, dans le bâtiment. Cela avait permis de se substituer à l’imposante gare Delta alors en vogue à cette époque. Au final, la seule partie visible de cette gare était la poulie motrice sortant du bâtiment et maintenue le long d’un pied métallique surmonté d’un toit.
Ce type de gare demeurait très rare et avait équipé peu d’appareils. On pouvait citer également le télésiège biplace fixe des Lindards Nord à Flaine (Pomagalski / 1980) ou le télésiège triplace fixe de la Varoche à Praz-sur-Arly (Pomagalski / 1980-2008).
La ligne du télésiège était quant à elle tout-à-fait classique, avec ses pylônes tubulaire et ses sièges Goutte d’eau. La gare amont était au même titre équipé que d’une simple poulie de retour fixe.
Le télésiège de la Floria montra son utilité pendant ses vingt-sept ans de fonctionnement. Son débit, assez faible, restait suffisant la plupart du temps. Il ne saturait qu’en période de faible affluence. S’il était bien boudé par la clientèle qui l’évitait, c’était à cause de sa vitesse et sa longueur, qui obligeaient à un temps de montée de plus de 11 minutes lorsqu’il ne s’arrêtait pas ! Les skieurs en plus de ça détestaient le départ, à cause du siège qui venait claquer contre les mollets et ce, malgré les assises rembourrés. Tout cela n’était guère confortable… Son remplacement ne fut donc pas à plaindre, ce que la fréquentation du nouveau télésiège a confirmé depuis 2008 !
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Les caractéristiques du télésiège de la Floria à son démontage :
Caractéristiques administratives :
- Nom de l’appareil : la Floria
- Type d’appareil : télésiège à pinces fixes
- Secteur : Chinaillon
- Commune : le Grand-Bornand
- Exploitant : SAEM “les remontées mécaniques du Grand-Bornand”
- Saison d’exploitation : hiver
- Constructeur : Pomagalski
- Année de construction : 1981
- Année de démontage : 2008
Caractéristiques géométriques :
- Altitude de la gare aval : 1262 m
- Altitude de la gare amont : 1788 m
- Longueur : 1683 m
- Dénivelé : 526 m
- Pente moyenne : 33%
- Pente maximale : 67%
Caractéristiques techniques :
- Emplacement de la station motrice : aval
- Type de gare motrice : gare semi-enterré
- Emplacement de la station de tension : aval
- Type de tension : hydraulique
- Nombre de vérins : 2
- Aide à l’embarquement : aucun
- Capacité des sièges : 3 personnes
- Nombre de sièges : 170
- Type de sièges : siège “goutte d’eau”
- Dispositif d’accouplement : pince fixe
Caractéristiques de la ligne et d’exploitation :
- Nombre de pylônes : 18
- Nombre de virages : 0
- Sens de montée : droite
- Vitesse en ligne : 2.5 m/s
- Temps de montée : 11mn 13s
- Débit : 1350 p/h
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La gare aval
La gare aval était située sur le front de neige du Chinaillon, à 1262 mètre d’altitude sur le toit du bâtiment de la Floria, à mi-chemin entre le téléski de la Bournerie et le garage du Clut. C’est ici que se trouvait la partie motrice-tension de l’appareil. Cette gare s’intégrait bien dans le paysage comme on le voit sur les photos ci-dessous car seul la poulie motrice était visible.
Dans le bâtiment de la Floria, on trouvait derrière les caisses un local à l’intérieur duquel était placé un chariot mobile. Sur celui-ci était embarqué la motorisation (électrique et thermique), le réducteur, et la poulie motrice qui passait à travers le toit du bâtiment. L’arbre sur lequel la poulie était placée sortait directement du réducteur. Le chariot, et donc tout l’équipement monté dessus, étaient mobiles sur l’axe de la ligne afin d’assurer la tension de l’installation à l’aide de vérins hydrauliques. Le poste de conduite principal se trouvait ici, accolé à la gare.
Vues de la gare, sur le toit du bâtiment :
La gare et les deux premiers pylônes vue de l’office de tourisme du Chinaillon :
La gare vue du départ du téléski de la Bournerie :
Le début de la ligne vue depuis l’embarquement de l’appareil :
Un siège au niveau de la poulie motrice :
L’embarquement de l’appareil :
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La ligne
Le profil de la ligne était long et très irrégulier. Au départ, on franchissait rapidement les deux premiers pylônes en compression, annonçant une première montée. La ligne se radoucissait quelque peu au pylône 3 à la suite duquel on passait au coin du restaurant de la Bournerie. On montait ensuite tranquillement dans les alpages du Chinaillon jusqu’au niveau du pylône 7 où se trouvait l’arrivée du téléski de la Bournerie. On passait alors au travers d’un petit bois en sortie duquel le pylône 8 ramenait la ligne à plat. On poursuivait alors sur ce replat jusqu’au pylône 10, à partir duquel la pente repris ses droits. Entre les pylônes 11 et 12 se trouvait un court replat avant que la pente ne reprenne de plus belle. On se trouvait désormais dans la zone la plus redoutée de l’ancien téléski, montant doucement mais surement sur le sommet de la Floria. Les pylônes 14, 15 puis 16 permettaient à la ligne de revenir à l’horizontal, avant le passage des deux derniers pylônes placés à proximité immédiate de la poulie retour.
La ligne comportait 18 pylônes numérotés de 1 à 18. Dans l’ordre de la montée, cela donnait :
- P1 : 16C/16C
- P2 : 12C/12C
- P3 : 8S/8S
- P4 : 4S/4S
- P5 : 6S/4S
- P6 : 4S/4S
- P7 : 2C4S2C/2C4S2C
- P8 : 6S/6S
- P9 : 2C4S2C/2C4S2C
- P10 : 2S8C2S/2S8C2S
- P11 : 6S/4S
- P12 : 2S4C2S/2S4C2S
- P13 : 4S/4S
- P14 : 8S/8S
- P15 : 8S/8S
- P16 : 8S/8S
- P17 : 4S/4S
- P18 : 6S/6S
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Vues sur la ligne :
Vue aérienne de la ligne avec l’emplacement des pylônes :
La ligne vue de l’office de tourisme du Chinaillon, avec à droite l’arrivée des pistes des Pessotays et des Gentianes :
Le milieu de la ligne vers l’arrivée du télésiège du Châtelet, avec la forte montée permettant de grimper vers la Floria (1800m d’altitude) :
La ligne du télésiège de la Floria (à gauche) et celle du télésiège du Châtelet (à droite) vue depuis la piste de la Noire des Pylônes. On voit bien la différence de pente entre la partie basse et la partie haute, où l’inclinaison des sièges témoigne de la rudesse de ce passage :
Pylônes 1 et 2, en sortie de la gare aval :
Pylône 3, avec le chalet d’alpage de la Bournerie à gauche :
Pylône 4 :
Pylône 5, avec le téléski de la Bournerie à gauche :
Portée entre les pylônes 5 et 6, avec la piste des Pessotays à droite :
Un siège “Goutte d’eau” dont les assises étaient rembourrés depuis la fin des années 1990 :
Pylône 6, avec l’arrivée du téléski de la Bournerie à gauche :
Pylône 7, après lequel on survole la piste des Fougères et on traverse un petit bois :
Portée entre les pylônes 7 et 8 :
Pylône 8, on atteint le gros replat intermédiaire :
Pylône 9, après lequel on survole la piste des Pessotays :
Portée entre les pylônes 9 et 10 :
Pylône 10, au pied de la terrible montée :
Pylône 11 :
Pylône 12 :
Pylône 13, avec la piste de la Noire des Pylônes juste derrière :
Portée entre les pylônes 13 et 14, dans le partie la plus raide de la ligne :
Pylône 14 :
Pylône 15, la ligne se rétablie progressivement :
Pylône 16 :
Pylônes 17 et 18 d’arrivée :
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La gare amont
La gare amont était située à 1788 mètres, au sommet de la Floria. A cet endroit se trouvait également les gares amont des télésièges de la Tolar et des Languières, encore en service à ce jour. L’arrivée du télésiège de la Floria était constituée d’une simple poulie de retour fixe.
L’arrivée des trois appareils au sommet de la Floria :
La zone de débarquement commune aux télésièges des Languières (à gauche) et de la Floria (à droite) :
Le débarquement de la Floria :
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Clôture
Après le téléski, ce fut au tour du télésiège triplace de la Floria de marquer l’histoire de la station. Mais la marqua-t-elle vraiment ? Certes l’appareil apporta débit et confort sur cette ligne historique mais il resta moins populaire que le téléski, en particulier lorsque son déclin commença dès le début des années 2000. Le coup de jeune de 2008 permis donc de rayer du domaine cet appareil dont le seul défaut provenait du fait que c’était un téléporté fixe… Ce reportage conserve les traces de cet appareil aujourd’hui disparu.
A noter également que ce reportage possède les premières photos que je me suis mis à faire sur les domaines skiables et qui avaient été prises dans l’urgence à la fin de saison 2008. Je m’excuse donc pour leur mauvaise qualité.
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