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Au sommaire :

  • L’équipement du village au Crêt du Merle, un axe important au sein du domaine
  • Le Crêt du Merle version 2017, un appareil performant mais désormais classique
  • La gare aval
  • La ligne
  • La gare amont
  • Clôture

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L’équipement du village au Crêt du Merle, un axe important au sein du domaine

Le lancement du ski à La Clusaz débuta en 1933 lorsque le premier télétraineau entra en service. Partant du village, cet étrange appareil dont on était assis dans une sorte de luge remorquée par un câble montait sur le Crêt du Merle. Il fut bien vite remplacé par un second appareil du même type mais plus performant, qui montait jusqu’à la Ruade. En 1942, Gabriel Julliard installa un téléski dans le prolongement du télétraineau mais celui-ci ne fonctionna qu’en pointillé à cause d’un problème de conception. L’existence du télétraineau s’acheva prématurément lorsqu’en 1945 un accident coûta la vie à 5 personnes. Mais La Clusaz se montra très réactive pour masquer ce tragique accident, en construisant dès 1946 un grand téléski, entièrement métallique, qui remplaça d’emblée le télétraineau et le téléski de Julliard. Ce nouveau téléski “du Merle” fut réalisé par le constructeur Applevage, très connu pour les nombreux téléphériques qu’il réalisa de 1936 à 1962.

En 1948, le Crêt du Loup fut également équipé d’un téléski similaire, également réalisé par Applevage, et qui permit de hisser les skieurs à plus de 1850 mètres d’altitude.

Mais il restait un problème et de taille : le départ du téléski du Merle se situait beaucoup plus haut que le front de neige et donc son accès était loin d’être aisé ! Cela amena à construire dans un premier temps le téléski de la Ruade à proximité de celui du Merle mais partant de beaucoup plus bas pour se terminer à proximité de l’arrivée de l’ex-télétraineau. Cette fois-ci, ce fut le constructeur Pomagalski qui obtint le chantier de ce téléski en 1953. Que ce soit pour le téléski du Crêt du Merle ou de la Ruade, les pylônes étaient en treillis puisque les tubulaires n’existaient pas encore à cette époque. Principalement utilisé pour accéder au Crêt du Merle, la Ruade permit également aux grands débutants de se familiariser avec un téléski pas encore trop difficile avant de s’élancer sur les appareils voisins.

En 1962, une société privée décida d’installer un téléski au lieu-dit du Bossonnet afin d’agrandir le domaine skiable tout en créant un nouvel accès au secteur du Crêt du Merle et ses appareils partant de trop haut. Le départ du nouveau téléski était en effet situé sur le front de neige du Bossonnet, à 5 minutes du centre de la Clusaz, et sa ligne se dirigeait vers les appareils qui montaient sur le Crêt du Merle. Elle était d’ailleurs déviée vers la gauche pour se retrouver parallèle à ces derniers. On trouvait ainsi la gare amont du Bossonnet sur la montée du Crêt du Merle (sans toutefois arriver à son sommet).

Les deux téléskis du Merle et de la Ruade furent ensuite remplacés en 1970 par deux téléskis, partant désormais tous les deux de la route des Aravis. Ce remplacement visait simplement à installer des téléskis moderne en lieu et place des téléskis d’origine devenus obsolètes de part leur technologie mise en œuvre. L’objectif n’était pas d’avoir du débit, car un projet visait à construire un téléporté très performant permettant de hisser les skieurs même en cas de faible enneigement. Ainsi, le nouveau téléski du Crêt du Merle devait juste servir à seconder ce téléporté afin de résorber les files d’attente lorsque l’enneigement était suffisant sur le bas du massif.

Pendant ce temps, le massif continuait son développement dans sa partie supérieure avec notamment la construction des deux téléskis du Crêt du Loup en 1971 et du téléski de l’Aiguille en 1957. De même, en station, le télésiège de la Patinoire permit dès 1971 de rejoindre directement les téléskis du Crêt du Merle depuis le Champ Giguet, ce qui fut largement salué. Mais la combinaison de ces deux extensions fit souffler le téléski du Crêt du Merle, dont le débit ne permettait pas d’assurer correctement l’ascension des skieurs ! Cela était normal parce que le téléporté qui devait être réalisé en parallèle n’était toujours pas commencé en 1973…

Il aura fallu attendre 1974 pour que ce projet voit le jour, sous forme de télésiège débrayable triplace : une première pour Poma qui inaugura à La Clusaz un nouveau type d’appareil ! Ce télésiège du Crêt du Merle, outre le fait qu’il permit d’enrayer temporairement les files d’attente au départ de la station, servait également de vitrine à la station du fait de la technicité mise en œuvre. Il était parallèle au téléski du Crêt du Merle mais démarrait de plus bas, de l’autre côté de la route des Aravis.

 ^^ Cliquez sur l’image pour consulter le reportage sur le télésiège du Crêt du Merle ^^

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En 1984, dans le cadre d’une grande rénovation du secteur du Crêt du Merle, la télécabine de la Patinoire vint remplacer le télésiège du même nom et les téléskis du Crêt du Merle et de la Ruade, complètement dépassés par leur propre succès, furent démontés au profit des deux télésièges des Praz et de la Ruade, dépendants sur le plan architectural. En effet, leurs gares aval et pylônes étaient communs, ce qui permettait de gagner de la place au sol mais qui pour le coup, donnait une sérieuse claque au paysage.

A la suite du réaménagement du massif de l’Etale en 2007, la commune envisagea de reprendre le massif de l’Aiguille en trois phases : le Crêt du Loup (2012), le Bossonnet (2014) et enfin le Crêt du Merle (2017). La troisième phase programmée pour 2017 consistait déposer le télésiège du Crêt du Merle, alors dernier triplace débrayable encore en service en France, et dont la technologie révolue depuis de nombreuses années entrainait des difficultés et des coûts élevés de maintenance. A cette occasion, le téléski du Nant situé vers le Bossonnet fut remplacé à la suite de la chute d’un arbre sur sa ligne pendant l’été.

Voici rapidement le détail des principaux travaux :

  • Construire un télésiège débrayable six places (TSD6) dont le tracé reprend le même que l’ancien appareil.
  • Démonter le télésiège triplace du Crêt du Merle.
  • Construire un bâtiment d’accueil, avec des caisses et une consigne à skis.
  • Construire une nouvelle usine à neige plus performante et doubler la ligne d’enneigeurs de la piste du Merle, afin d’améliorer la garantie ski sur ce secteur.

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Vous trouverez plus de détails sur l’évolution du projet dans le dossier traitant de la construction de cet appareil.

^^ Cliquez sur l’image pour accéder au dossier retraçant la construction de l’appareil ^^

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Situation du télésiège sur le plan des pistes :

Le télésiège du Crêt du Merle, outre le fait qu’il permet de rejoindre les différents appareils du Crêt du Loup, dessert trois pistes dont une de liaison. Il y a tout d’abord la piste du Merle qui redescend sur le village, le long du télésiège. La piste du Merle (variante) assure quant à elle la même fonction puisqu’elle rejoint la piste pré-citée au niveau de l’arrivée de l’ancien téléski du Bossonnet. Enfin, la piste de la Motte est une piste de liaison assez plate qui permet d’accéder au massif de Balme.

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Le Crêt du Merle version 2017, un appareil performant mais désormais classique

Le télésiège débrayable six places du Crêt du Merle fut donc installé par Pomagalski durant l’été 2017. C’est un appareil classique pour sa génération, avec ses gares “Multix” aux larges vitres permettant d’apporter une grande luminosité naturelle dans la gare et ainsi améliorer les conditions de maintenance. Sa ligne est équipée des sièges “Doudouk” et les pylônes sont équipés de projecteurs permettant d’éclairer la ligne lors de l’exploitation nocturne de la “full moon”. Ces projecteurs sont d’autant plus nécessaires s’il fallait en venir à faire une évacuation verticale de la ligne de nuit. A noter que la ligne de sécurité est enterrée, comme le fait La Clusaz depuis plusieurs années sur ces appareils débrayable.

Au niveau de ses caractéristiques, cet appareil reste dans le standard avec un débit de 2100 p/h et une vitesse de ligne de 5.25 m/s. Il ne dispose donc pas de particularités. Ainsi, si autrefois le télésiège du Crêt du Merle était la vitrine de la station, aujourd’hui c’est devenu un simple appareil qui se fond dans la masse…

Comme son prédécesseur, le télésiège du Crêt du Merle et exploité l’été pour les parapentistes, vététistes et randonneurs qui trouveront des itinéraires pour se faire plaisir dans le secteur.

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Les caractéristiques actuelles du télésiège du Crêt du Merle :

Caractéristiques administratives :

  • Nom de l’appareil : le Crêt du Merle
  • Type d’appareil : télésiège débrayable six places
  • Secteur : Aiguille
  • Commune : La Clusaz
  • Exploitant : Société d’Aménagements Touristiques et d’Exploitation de La Clusaz (SATELC)
  • Maitre d’œuvre : ERIC
  • Génie civil/montage : Joly et Philippe
  • Saison d’exploitation : été et hiver
  • Constructeur : Pomagalski
  • Année de construction : 2017
  • Montant de l’investissement : 6 900 000 €

Caractéristiques géométriques :

  • Altitude de la gare aval : 1065 m
  • Altitude de la gare amont : 1513 m
  • Longueur : 1535 m
  • Dénivelé : 448 m
  • Pente moyenne : 31%
  • Pente maximale : 86%

Caractéristiques techniques :

  • Emplacement de la station motrice : amont
  • Type de gare motrice : gare “Multix”
  • Type de motorisation principale : 1 moteur asynchrone
  • Puissance de la motorisation principale : 840kW
  • Type de motorisation de secours : moteur thermique avec entrainement hydraulique
  • Emplacement de la station de tension : aval
  • Type de tension : hydraulique
  • Nombre de vérins : 1
  • Installation électrique : SEMER Automatismes
  • Garage des véhicules : aucun
  • Aide à l’embarquement : embarquement dans le contour
  • Capacité des sièges : 6 personnes
  • Nombre de sièges : 62
  • Type de sièges : sièges “Doudouk” à assises réhaussées
  • Type de pinces : pinces LPA

Caractéristiques de la ligne et d’exploitation :

  • Nombre de pylônes : 11
  • Nombre de virages : 0
  • Largeur de la voie : 6.10 m
  • Sens de montée : gauche
  • Sens d’exploitation : montée et descente
  • Vitesse en ligne : 5.25 m/s
  • Temps de montée : 4mn 51s
  • Débit : 2100 p/h (montée) et 1050 p/h (descente)

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La gare aval

La gare aval est située au bord de la route du Crêt du Merle, à 1065 mètres d’altitude juste au-dessus du centre du village de La Clusaz. Elle se compose de deux pieds supportant une structure à l’intérieur de laquelle se trouve la tension de l’installation qui s’effectue grâce à un unique vérin permettant la mobilité de la poulie retour dans le sens de la ligne. La gare est donc silencieuse puisque la motorisation de l’appareil est en amont. Cette gare Multix est équipée de grands vitrages, permettant d’amener un maximum de lumière dans la gare et ainsi favoriser l’entretien et les interventions sur l’appareil.

L’embarquement se fait dans le contour, du fait de l’absence de place autour de la gare aval et qui a contraint d’organiser la file d’attente en perpendiculaire à la gare. Cette configuration a également empêché la mise en place d’un tapis de positionnement, puisque l’appareil est exploité à la descente ce qui oblige un croisement de la zone d’embarquement avec celle de débarquement. Les portillons d’embarquement sont maintenus fermés lorsque des personnes sont détectées sur la descente à l’entrée de gare. L’absence de tapis de positionnement n’est pas un problème étant donné qu’il n’était pas nécessaire d’avoir un haut débit sur cet appareil qui est doublon avec le télémix du Bossonnet.

Le poste de conduite accolé à la gare est esclave de celui de la gare amont. Toutefois, pour permettre aux employés d’exploitation d’accéder en gare amont le matin et de redescendre en gare aval le soir, il est possible de donner le contrôle de l’installation au poste de conduite de la gare aval.

Vue d’ensemble du départ du télésiège du Crêt du Merle, juste au-dessus du centre du village dont on aperçoit le clocher de l’église tout à gauche :

Vues en arrivant de la piste du Merle :

Vues rapprochées de la gare :

Devant les portillons d’embarquement :

L’embarquement dans le contour, on remarque en perpendiculaire l’axe du débarquement :

En sortie de gare :

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La ligne

La ligne est assez longue, ce qui a valu à l’appareil d’être débrayable dès 1974, et de profil plutôt assez régulier. Au départ, on attaque par une montée très raide jusqu’au pylône 3, et qui permet de sortir du décaissement de la gare aval. On survole alors la route qui monte vers le col des Aravis et le garage technique de la Ruade avant d’atteindre le pylône 4, dont la hauteur permet de garder une hauteur de survol suffisante avec le bâtiment pré-cité. La ligne monte alors tranquillement en franchissant une ferme juste le pylône 6. Elle se rétablit seulement au pylône 10, avant dernier pylône, une centaine de mètres avant d’atteindre la gare amont au sommet du Crêt du Merle.

La ligne comporte 11 pylônes numérotés de 1 à 11. Dans l’ordre de la montée, cela donne :

  • P1 : 12C/12C
  • P2 : 10C/10C
  • P3 : 12S/12S
  • P4 : 10S/10S
  • P5 : 8S/8S
  • P6 : 8S/8S
  • P7 : 8SC/8SC
  • P8 : 8S/8S
  • P9 : 10S/8S
  • P10 : 10S/8S
  • P11 : 12S/12S

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Vues sur la ligne :

Vue aérienne de la ligne avec l’emplacement des pylônes :

L’intégralité de la ligne vue depuis la gare routière située à l’entrée du village :

La forte côte permettant de sortir du décaissement de la gare aval :

Le début de la ligne vue du bord de la piste du Cœur du village :

Le pylône 4 et le survol du garage de la Ruade :

Le début de la ligne passant à proximité de la gare amont de la télécabine de la Patinoire, vue de la piste du Merle :

Le milieu de la ligne, avec au fond le village de La Clusaz :

Le télésiège au milieu des alpages de la Ruade :

Le milieu de la ligne :

La ligne et le plateau de Beauregard derrière :

La ligne sur la partie haute du Crêt du Merle :

Vue du croisement entre les pistes du Merle et de la variante du Merle :

La ligne, avec en arrière-plan le Mont Lachat de Thônes :

Le sommet de la ligne :

Pylônes 1 et 2 en sortie de gare :

Portée entre les pylônes 2 et 3, c’est la plus forte montée de l’installation :

Pylône 3, on survole la route du col des Aravis et le garage de la Ruade :

Pylône 4 :

Portée entre les pylônes 4 et 5, avec le survol de la piste du Merle et le passage près de l’arrivée de la télécabine de la Patinoire :

Pylône 5 :

Pylône 6, avec la piste de la Ruade au-dessous :

Portée entre les pylônes 6 et 7 :

Pylône 7 :

Pylône 8, la pente reste constante :

Portée entre les pylônes 8 et 9, on survole de nouveau la piste du Merle :

Pylône 9 :

Pylône 10 :

Dernière portée entre les pylônes 10 et 11, on arrive sur le plateau du Merle :

Pylône 11 :

Un siège “Doudouk” et la pince LPA débrayable permettant aux véhicules de s’accrocher au câble. Elles s’ouvrent en gare afin de se libérer du câble et ainsi permettre d’effectuer les phases d’embarquement/débarquement au ralentit :

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La gare amont

La gare amont est située sur le plateau du Merle, à 1513 mètres d’altitude non loin du départ des télésièges du Crêt du Loup et du P’tit Loup, ainsi que des téléskis du Louveteau et du Stade. Elle est identique à la gare aval. Cette installation est équipée d’une motorisation principale classique avec un moteur électrique entrainant la poulie motrice par l’intermédiaire d’un réducteur. Le poste de conduite principal se trouve ici, accolée à la gare.

Vue d’ensemble du secteur du Crêt du Loup :

L’arrivée du télésiège du Crêt du Merle, entre le départ du télésiège du P’tit Loup à gauche et le restaurant “Chez Arthur” à droite :

La gare dans son environnement :

En arrivant en gare :

Vues sur la gare :

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Clôture

La construction du nouveau Crêt du Merle a permis de redonner un coup de jeune à cet axe d’accès au domaine, en offrant des liaisons plus rapides vers le haut de l’Aiguille et Balme. Confort, vitesse et débit sont atteints grâce à ce télésiège, qui malgré tout ne rivalisera jamais avec son prédécesseur qui marqua de son empreinte tout une longue époque. Du télétraineau au télésiège débrayable six places, le Crêt du Merle est un axe qui aura vu se succéder presque toutes les générations d’appareils !

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