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Construit par la S.A “Chinaillon Beausite” en 1966 (photo 1), ce téléski aux pylônes rouges fut à son installation la plus haute des remontées mécaniques de la Beausite, qui prenait ainsi son essor.

L’appareil Pomagalski “T100” de 935m de longueur était du même modèle que son concurrent de la Floria, auquel il ressemblait plus que tout autre. Comme lui, il tournait vite (4.5m/s) et bruyamment, décollait violemment au démarrage et avait un départ triangulaire en poutrelle dont les poulies motrices et de sortie de gare étaient inclinées tandis que celle d’entrée de gare, dominant la structure, était verticale. Mais le téléski du Châtelet montait à gauche et ses poulies de compression n’étaient pas couronnées.

Il était pourvu de 14 pylônes intermédiaires relativement hauts, numérotés de 2 à 15 à l’origine.

Les pylônes 2 et 3 étaient simple voie, le premier à compression avec une grosse poulie, le second à support simple voie, excentré à gauche de la voie de montée (la poulie était soutenue par un portique sous lequel passait le câble). Les trois pylônes suivant, double voie en support, étaient plus classique (photo 2). Après une très longue portée de 124m (la plus longue de l’installation), la ligne passait le pylône n°7 avec ses deux voies en support, qui devinrent support/compression par l’ajout de petites poulies en roulettes. Le pylône n°8 était en support sur ses deux voies. Le pylône n°9 était celui du virage à droite, avec deux grosses poulies couronnées inclinées : il était simple tube et ressemblait en miroir à celui de son concurrent “la Floria”.

Le pylône suivant (n°10) était très éloigné, de sorte que l’on décollait lors de faible enneigements. Il était double voie, support en montée et support/compression en descente. Les suivants étaient très rapprochés (photo 1), d’abord le n°11 (monovoie support en portique, identique au n°3 du départ), suivi du n°12 (monovoie en compression) et du n°13 (monovoie support en portique) entre lesquels se trouvait une courte pente vertigineuse (à 69% !!!), puis enfin du pylône n°14, sur la crête (bivoie en support). Enfin, 43m plus loin, le tracé s’achevait par le pylône d’arrivée (n°15) qui était double voie support, avec deux grosses poulies, celle du retour étant inclinée très légèrement afin de rattraper le différentiel entre le diamètre de la poulie de renvoi flottante (fixée assez loin en contrebas à un pylône en poutrelles incliné) et celui de la voie. Cette arrivée ressemblait elle aussi en miroir à celle de “la Floria”.

Ce téléski perdit sa couleur rouge (photo 2) en 1974, quand la Beausite décida de repeindre en vert la totalité de ses installations (photo 4).

En 1982, la pente sommitale originelle trop dangereuse a été fortement édulcorée, et le téléski modifié. Les pylônes d’origine n°12, 13 et 14 furent enlevés, on nivela le terrain en y creusant une tranchée puis on ne réimplanta qu’un seul pylône (photo 6) : le n°12 qui devint, avec le n°11 resté en place, monovoie support/compression. Le pylône d’arrivée, qui était lui aussi resté en place, changea de numéro pour devenir le n°13. L’implantation de la gare de départ fut également modifiée.

En 1976, le téléski du Châtelet avait été doublé, sans être modifié, par le premier télésiège triplace Pomagalski installé au Chinaillon, toujours par la Beausite dont ce fut la dernière réalisation avec le téléski de la Mulaterie. Ses sièges blancs à lattes de bois (photo 4, 6 et 7) étaient de modèle “Goutte d’eau” comme ceux du télésiège biplace de la Tolar installé l’année d’avant, mais ils comportaient trois places.

Ce nouvel appareil, long de 1045m, devait permettre l’accès au Maroly depuis le “front de neige” du Chinaillon sans passer par la Floria saturée, mais plus que tout, il devait servir de vitrine à la S.A “Chinaillon Beausite” qui ne possédait jusque là que des téléskis !

Il n’eût jamais le succès escompté en raison de son impressionnante arrivée “dans” la falaise, du mur de départ de la piste rouge trop raide et de la concurrence des téléskis voisins beaucoup plus rapide de la Cour 2 et du Châtelet (qui permettait lui aussi, moyennant quelques efforts, de rejoindre le Maroly), aussi tournait-il la plupart du temps quasiment à vide ! Il est intéressant de noter qu’il s’était passé la même chose la même année aux Outalays, à ceci près que le télésiège de la SAEM, d’arrivée plus facile et n’ayant pour seul concurrent que le téléski du même nom, avait immédiatement trouvé “sa” clientèle (voir l’article dédié)…

Ce télésiège “du Châtelet”, qui montait à droite, était peint en vert et avait un départ de type “gare Delta” (photo 3). Ses 12 pylônes numérotés de 1 à 12 avaient des potences légères en poutrelles (photos 6 et 7).

Le pylône n°1 était un portique de compression de sortie de gare. Les n°2 à 7 étaient des supports classiques, mais les n°5 et 6, devant survoler le téléski, étaient particulièrement hauts et visibles dans le paysage ! (photos 6 et 7). Notons que suite à une tempête en février 1990, le septième pylône fut renversé par la chute d’un épicéa et remplacé par un neuf, occasionnant l’arrêt du télésiège pour le reste de la saison. Le pylône n°8 était un support en montée et un support/compression en descente, afin de rattraper la voie de descente qui venait directement du pylône 10. Le n°9 était monovoie (fait unique au Chinaillon) de type support/compression. Le suivant (n°10), était un support, comme celui d’arrivée (n°12) pourvu de longs berceaux à 16 galets, tandis que le n°11 était de type support/compression. On arrivait sur une minuscule surface de dégagement directement barrée par une petite falaise !!!

Il semble que ce télésiège coûteux et inutile ait été le coup de grâce porté à la S.A “Chinaillon Beausite” qui disparut définitivement en 1981, discrètement absorbée par la SAEM.

Devant la double échéance de grandes visites coûteuses, le télésiège fut désaffecté et le téléski démonté à l’été 1997, pour être remplacés par l’actuel télésiège fixe 4 places du Châtelet, empruntant un tracé très différent de ceux des deux premiers “Châtelets”. La ligne du télésiège resta en place l’hiver suivant afin d’être visible par ses futurs acheteurs, avant d’être à son tour démantelée l’été d’après.

1) La construction du téléski du Châtelet en juillet 1966
 
 
2) Le téléski en rouge minium, après sa mise en service (1967)
 
 
3) La gare Delta du télésiège et, au loin, la gare du téléski
 
 
4) Le télésiège du Châtelet en vert (1979)
 
5) Les Châtelet et le Chinaillon est vers 1983
 
 
6) Les Châtelets en décembre 1993
 
 
7) Les Châtelets en octobre 1995

8) La construction du nouveau télésiège du Châtelet en septembre 1997 (le téléski est déjà démonté mais le télésiège triplace demeure)

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Crédits photographiques :

Les clichés n°1, 2, 3, 4 et 5 ont été fournis par Jérôme Rolland, le premier ayant été réalisé par notre grand oncle. Les clichés n°6, 7 et 8 ont été réalisés par moi-même dans les années 1990.

© Guillaume Attard pour www.ski-aravis.com (décembre 2009)

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