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Au début des années 1970, la S.A “Chinaillon Beausite”, se trouvant à un moment critique de son développement, eût à choisir entre grandir ou disparaître…
Les seuls terrains possédés par les actionnaires disponibles pour le ski étaient situés dans la vallée du Maroly. Mais la rigueur du climat hivernal, froid et neigeux dans cette vallée, fit longtemps hésiter les investisseurs. Dans les années 1930, on n’y relevait en moyenne pas moins de 4 mètres de neige au sol ! Par contre, dès que la durée des jours le permettait (au milieu de l’hiver), cette zone par ailleurs très ensoleillée se métamorphosait en paradis de la glisse, pour le plus grand bonheur des randonneurs (photo 1)…
Cet argument, ainsi que la concurrence livrée par la S.A “les téléskis du Grand-Bornand” décida les propriétaires terriens à unir leurs efforts en augmentant le capital de la société pour continuer à équiper leurs pâturages.
Il fut décidé d’implanter le nouveau téléski sur le plateau de la Nouvelle à l’assaut de la pointe de Crève-Cœur, à près de 1845 mètres d’altitude, au milieu des champs de neige en pente douce. Le but était très clair : entrer en compétition avec le téléski de la Floria de la S.A concurrente en proposant des pistes mieux enneigées, moins raides et ciblant une clientèle plus large.
Ainsi en 1972, naquit le téléski du Maroly (photo 2)…
L’installation était de marque “Poma” et montait à gauche. Longue de 1530 mètres et offrant un dénivelé de 393 mètres, elle comprenait 16 pylônes intermédiaire numérotés de 2 à 17, dont un virage.
Après le départ, une très grosse gare de type “H120” (photo 5), le pylône n°2 bivoie support/compression sur la voie montante et compression sur la voie descendante était très original, surtout avec la poulie de retour inclinée à 10° ! Quant au pylône n°3, il était monovoie en compression. La pente s’accentuait progressivement en approchant du troisième pylône (n°4), celui du virage à droite, visible sur les photos 2, 3, 4 et 7.
Juste après, on descendait un peu avant le pylône n°5 simple voie en compression, qui faisait un “tac” caractéristique annonciateur d’angoisse ! En effet, suivait la première moitié de l’interminable et redoutable raidillon plein nord dont la pente atteignait presque les 62% (du moins à l’origine). Les jeunes skieurs (les plus légers) y étaient littéralement arrachés du sol, tournoyant dans les airs accrochés à leur perche et terrorisés à l’idée de la lâcher dans un si hostile endroit (voir photo 2 en arrière plan à droite) !!! En son milieu, après une importante portée de 158m (la plus longue de l’installation) se trouvait le pylône n°6 (monovoie en compression), puis le cauchemar continuait jusqu’au pylône n°7 où la pente se radoucissait quelque peu (photo 3). Ce pylône était double voie en support, et doté de deux grandes poulies (une poulie de 1.5m sur le bras montant et une poulie de 1m sur bras descendant) destiné à supporter la très forte tension du câble. Le pylône n°8, au sommet de la côte, était identique, mais avec des poulies de 1.5m sur les deux bras : il marquait la fin du si célèbre “mur” du Maroly !
Le reste du trajet était une agréable promenade : le pylône n°9, en zone plate, était monovoie support/compression (photo 8). Puis venait la quatrième compression du trajet, le pylône n°10, avec son “tac” annonçant à nouveau une courte côte au sommet de laquelle trônait le pylône n°11, double voie en support (voir photo 9). Ensuite, il y avait une descente telle que la perche pouvait nous échapper si on n’y faisait pas attention. En son milieu, se trouvait le douzième pylône, monovoie en support/compression. Sur sa fin, le pylône n°13, monovoie en compression, annonçait un troisième raidillon par un “tac” identique aux précédents.
Le pylône n°14 (monovoie en support) annonçait l’amoindrissement de cette pente jusqu’au pylône suivant (n°15), qui était un support en montée et support/compression en descente (photo 10). Sur 142m, le terrain devenait presque plat jusqu’au pylône monovoie de compression n°16 (l’avant dernier) qui, de son ultime “tac”, annonçait le dernier raidillon avant l’arrivée. Le dernier pylône (n°17) était très caractéristique : il était bivoie en support, avec la poulie de retour classiquement inclinée (photo 10, arrière plan). Le pylône entier était d’ailleurs incliné, car il soutenait l’immense contrepoids qui, grâce à un câble et à un relais situé derrière la poulie de renvoi flottante, soutenait cette dernière.
Cet appareil a été, comme tous ceux de la S.A “Chinaillon Beausite” implantés de façon permanente, repeint en vert en 1974 pour des raisons esthétiques avant de devenir gris dans les années 1980…
Une première modification conséquente de la ligne eut lieu à la fin de l’été 1976 :
- le pylône n°5 fut déplacé vers le haut de 5m
- le pylône n°6 monovoie compression (avec poulie de 1m de diamètre) à l’origine devint monovoie support/compression (1m/1m) et il fut déplacé vers le bas de 47m
- on terrassa la pente entre le pylône n°7 et le pylône n°8 afin qu’elle soit plus douce : le pourcentage passa ainsi de 61.2% à 56% entraînant le déplacement vers le bas des pylônes n°7 (39m) et n°8 (12m)
- le pylône n°9 monovoie support/compression (avec poulies de 1m de diamètre) fut transformé en bivoie support (grâce à l’ancienne potence récupérée du pylône n°6) en voie montante et support/compression sur la voie descendante.
Une seconde modification eut lieu en septembre 1982 :
- le pylône n°2 devint monovoie par suppression de la compression en descente pour faire remonter le brin descendant (ceci dans le but d’éviter une collision entre les skieurs et les perches redescendant car il passait au niveau du carrefour d’arrivée des skieurs provenant de la Cour 2 et de la Tolar posant un problème de sécurité).
- le deuxième pylône (n°3) devint monovoie support/compression
La dernière modification eut lieu en 1984 durant l’été, lors de la construction du télésiège des Terres-Rouges :
- le téléski fut raccourci de 120m par implantation de la gare de départ plus haut qu’à l’origine
- le pylône n°2 fut déplacé vers le haut de 27m
En conséquence, la longueur de l’appareil changea (1395m), tout comme son dénivelé (388m). Et c’est probablement à cette occasion aussi que la ligne fut renumérotée de 1 à 16 au lieu de 2 à 17.
Ce n’est qu’en 2003 que s’acheva la carrière du vaillant téléski du Maroly qui, trente ans durant, desservit le plateau de la Nouvelle sans défaillir devant les rigueurs du climat de cette zone. Il a été remplacé par un digne successeur : le télésiège débrayable 6 places du Maroly, auquel on ne peut que souhaiter la même longévité !
1) Skieurs de randonnée sur le plateau de la Nouvelle dans les années 1950 |
2) Le téléski du Maroly, seul dans la vallée (1973) |
3) Le téléski du Maroly avec le Chouly et la Tolar (fin 1975) |
4) Vallée du Maroly (fin 1975) |
5) La gare H120 du téléski (printemps 1976) |
6) Le sommet des pistes du Maroly vers 1978 |
7) Perspective vers le Chinaillon (1979) |
8) Le pylône n°9 |
9) Le pylône n°11 sur la côte |
10) Le pylône n°15 |
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Crédits photographiques :
Le cliché n°5 a été aimablement fournis par M. Félicien Missillier. Les clichés n°1, 2, 3, 4, 6 et 7 ont été fournis par Jérôme Rolland. Les clichés n°8, 9 et 10 ont été réalisés par moi même.
© Guillaume Attard pour www.ski-aravis.com (décembre 2009)
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