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En 1972, la S.A “Chinaillon Beausite” se lança dans l’équipement de la vallée du Maroly en y installant trois téléskis.
Comme ceux du Maroly et de la Cour qui faisaient partie du lot, le téléski des Bouts fut installé par la société Poma. Peint en rouge minium, il partait au bord du ravin non loin du torrent du Maroly juste en face du hameau qui lui donna son nom pour arriver relativement haut en bordure de la Combe de la Tolar, dont il permettait la desserte de la partie inférieure.
Ce téléski tournait en sens horaire (montée à gauche) comme ceux du Maroly et de la Cour 2. La gare du téléski très classique, de type “H90”, était formée de deux poutrelles caissonnées verticales en soutenant une autre inclinée vers l’avant, avec poulie motrice horizontale et poulies d’entrées et de sortie de gare verticales.
A une certaine distance se trouvait le premier pylône portant le numéro 2, monovoie, doté d’une poulie moyenne en support et une petite en compression. La pente s’accentuait le long d’un terrassement et en son sommet, se trouvait le pylône n°3, support en montée et en descente, mais avec la poulie inclinée en descente (pour le rattrapage du changement de largeur entre la voie et la poulie motrice). Ensuite, on montait sensiblement moins jusqu’au pylône n°4, support en montée et support/compression sur le brin de descente qui arrivait directement du pylône n°8 beaucoup plus haut. Puis venait une zone complètement plate située sur un curieux terrassement en forme de digue destiné à franchir le marais de la Cour, se poursuivant jusqu’au pylône de compression monovoie n°5. Une côte le suivait, jusqu’au pylône n°6, support en montée, après lequel on coupait le chemin allant de la Cour au Maroly sur une pente moins forte (voir la photo 1 pour tout le début du tracé).
Ensuite, on franchissait le n°7, une compression qui émettait un claquement sec et qui annonçait un redoutable raidillon plein nord, en dévers et souvent mal damé. Il se terminait sur un tertre au sommet duquel le huitième et avant dernier pylône (support en montée et support/compression en descente) trônait (photos 3 et 4). On franchissait ensuite une grande cuvette en dévers : le câble tirait vers le haut au milieu et la pente s’accentuait à mesure que l’on avançait vers la crête sur laquelle se dressait le dernier pylône (n°9) pourvu de grosses poulies de support sur ses deux côtés, celle de retour étant légèrement inclinée pour permettre le rétrécissement de la voie jusqu’à la poulie de renvoi flottante, soutenue par un câble de tension relié à un contrepoids supportés par un pylône tubulaire incliné situé au bord de la Combe de la Tolar (voir la photo 4 pour la fin du tracé).
Le téléski des Bouts desservait à sa création deux fabuleuses pistes au relief tourmenté et varié, avec les plus incroyables tremplins naturels du domaine : la bleue, sur la gauche de la montée et la rouge, située à droite et qui recoupait le téléski entre les pylônes n°3 et 4 (photo 2). Ces pistes coupaient le chemin d’accès au Maroly depuis la Cour. Les Bouts était à l’origine le seul moyen pour revenir du Maroly via le chemin de retour vers le Chinaillon passant au flanc des falaises de la Floria et débouchant vers la Cour 2.
En 1974, ce téléski fut repeint en vert (photo 4) comme tous ceux de la S.A “Chinaillon Beausite” implantés à l’année sur les pâturages. Et sa ligne fut, dès 1975, survolée par le télésiège de la Tolar entre le dernier pylône et le renvoi (photo 3).
C’est alors que son déclin précoce et progressif commença : la Tolar d’abord, puis surtout le nouveau chemin de retour vers la station à travers le bois de la Cour aménagé en 1977 le concurrencèrent très fortement (photo 3). Dès lors, la piste bleue fut définitivement abandonnée et la rouge (photo 2) fut coupée en bas par le nouveau chemin de retour. L’installation et sa piste étaient devenues trop dangereuses, croisant désormais deux chemins : le pauvre téléski des Bouts ne tourna donc plus qu’en pointillés lors de fortes affluences, fermant même entre midi et 14h. Lui et sa merveilleuse piste plein nord (la seule du domaine) traversèrent ainsi tristement les années 1980 durant lesquelles il fit de la figuration, n’ouvrant qu’en période de fortes affluences.
A l’automne 1990, il fut démonté sans être remplacé, sacrifié sur l’autel des hivers sans neige en raison de son faible taux d’utilisation : ceci expliqua son choix pour la “transplantation”…
Il connut en effet une seconde jeunesse en déménageant pour le Prarian, en parallèle au téléski existant, sur un site plus haut et mieux enneigés sur lequel il serait plus utile. L’état dramatique des finances de la SAEM fit que tous les éléments furent réutilisés : les gares, les perches, les huit pylônes, beaucoup de poulies et même quelques potences. On inversa juste le sens de montée de l’appareil que l’on dota d’un nouveau rail de stockage, couvert de plexiglas.
Il était prévu de remettre dès que possible une remontée sur le site bien exposé et bien enneigé des Bouts, la pistes des Bouts n’étant quant à elle plus utilisée, à l’exception parfois de sa partie supérieure. Le chemin de retour supérieur vers la Cour, sécurisé vis à vis du risque d’avalanche, est encore régulièrement damé.
Mais, en 1995, le lac de la Cour mis en eaux vint engloutir la partie médiane de la rouge des Bouts, ainsi que tout espoir de résurrection de cette superbe piste. Il n’empêche que le téléski des Bouts/Prarian 2, réhabilité, est maintenant le seul survivant avec celui de la Mulaterie (qui fut lui aussi déplacé en 1993) des appareils de la S.A “Chinaillon Beausite” et l’un des appareils les plus utilisés du domaine skiable ! Qui l’eût cru ? C’est en tous cas, pour cet appareil méconnu à l’histoire si étrange, une bien jolie revanche !
1) La ligne du téléski à travers le marais de la Cour (1973) |
2) Sur la rouge des Bouts vers 1975 |
3) Le haut de la ligne en avril 1976 |
4) Le haut de la ligne à peine visible (juillet 1986) |
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Crédits photographiques :
Les clichés n°1 et 3 ont été aimablement fournis par M. Félicien Missillier. Les clichés n°2 et 4 ont été fournis par Jérôme Rolland.
© Guillaume Attard pour www.ski-aravis.com (décembre 2009)
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